Le prix du CREIS 2003
Résumé

 

 

Résumé du mémoire DEA "Idéal d'une société programmable : les TIC au service du contrôle social"

La thématique du contrôle social doit être envisagée dans ses aspects technologiques. Il s'agit de construire l'objet contrôle social au regard de l'histoire des technologies de gouvernement des hommes, qu'à la suite de Michel Foucault nous appellerons " technologies politiques " visant la maîtrise d'abord des masses, ensuite des individus. La problématique savoir-pouvoir est au cœur de nos axes de recherche : elle s'objective dans les dispositifs qui mettent en oeuvre prélevement, traitement d'informations, et techniques de communication comme de mise en circulation de l'information. En outre, si la seconde partie de notre travail porte sur ce que nous désignons communément Techniques d'Information et de Communication (TIC), donc sur une période très contemporaine, la première couvre un large pan d'histoire, notamment les deux siècles qui nous séparent de la Révolution Française. La Statistique, née durant cette période, s'inscrit en effet dans le continuum formé par les méthodes de rationalisation et de maîtrise du social, et relève de ces technologies instaurant un regard panoptique et normalisateur sur les faits sociaux. Il est donc question pour nous d'analyser la rationalité instrumentale à l'œuvre dans les dispositifs de quadrillage du social. Il s'agit également d'appréhender les fluctuations des notions d'espaces privé et public, comme d'analyser les enjeux et les limites des réflexions actuellement menées sur les libertés " publiques " et " individuelles ", dans un contexte de plus en plus prégnant de médiation des rapports sociaux par la technique. La place de plus en plus grande occupée par les TIC dans l'organisation des activités sociales, et la multiplication, qui lui est corrélative, de traces laissées par les utilisateurs des réseaux de communication, rendent en effet possible une stratification des contrôles sociaux dans les différents espaces dédiés à ces activités, en permettant à de multiples acteurs d'exercer sur les individus (tour à tour citoyens, clients, salariés, bénéficiaires d'aides sociales, etc.) une surveillance relevant autrefois essentiellement des prérogatives de l'Etat. Enfin, il nous apparait primordial de déconstruire les discours sur la " tolérance" ou le " risque zéro ", comme sur leurs corrollaires, la transparence et la traçabilité, afin de comprendre dans quelle mesure, derrière la logique de responsabilisation des individus, se dissimule une volonté d'associer contrôle continu et intériorisation de la norme par tous.

Laëtitia Schweitzer,
allocataire monitrice en Sciences de l'Information et de la Communication Université Stendhal Grenoble 3